Les-10-ans-de-l'insertionCindy BARGOT,
Directrice administrative de l’entreprise d’insertion FAMDART.

Définition de l’insertion

Parler d’insertion c’est développer les rapports de l’humain avec l’environnement sociétal qui l’entoure. Être inséré signifie avoir une place et être reconnu dans la vie de la société.

Aujourd’hui, la problématique de l’insertion se décline en plusieurs domaines :

  •   Professionnel
  •   Social
  •   Sanitaire
  •   Habitat
  •   Culturel
Les politiques d’insertion sur le terrain

A partir des années 80, les politiques d’insertion développées se sont concentrées sur deux axes principaux :

La lutte contre l’exclusion et l’accès à l’emploi.

Aujourd’hui, la lutte contre l’exclusion fait référence à la lutte contre la pauvreté qui concerne les familles vivant au seuil de la précarité et notamment les personnes âgées.

Par ailleurs, la lutte contre la pauvreté s’apparente aujourd’hui aux anciennes politiques d’assistance qui tendent à garantir la dignité des droits des personnes.

Le taux de chômage important dans le département de 40% montre les nombreux efforts en matière d’insertion développés en 10 ans. Plusieurs mesures d’aides à l’emploi sont venues se greffer à celles existantes. Cependant, nous devons considérer comme facteur important le contexte économique dans lequel nous vivons. En effet, nous constatons que les jeunes âgés de 16 à 25 ans sont la partie de la population la plus touchée par l’inactivité et le manque d’expérience professionnelle, ce qui gangrène leur insertion professionnelle. Avec un taux de chômage de 13.3% (source INSEE au 31 janv. 11) pour cette partie de la population, les collectivités locales ont mis en place bien des mesures centrées sur l’intégration professionnelle des jeunes allant de leur suivi social et sanitaire à la formation par des stages d’immersion. D’où la raison d’être des « Missions Locales » qui aujourd’hui jouent un rôle majeur dans l’accompagnement des jeunes non scolarisés et peu diplômés.

Au côté de la Mission Locale, d’autres mesures sont mises en place : les contrats en alternance ou de professionnalisation et les contrats d’insertion. Par le biais de ces contrats, l’objectif pour les bénéficiaires est d’acquérir et de développer des compétences professionnelles. Pour accompagner ces jeunes dans leur démarche, de nouveaux métiers ont vu le jour à partir des années 2000 : animateur de rue, conseiller d’insertion professionnelle, encadrant technique d’insertion. Ces personnes formées aux problématiques de l’insertion mettent tout en oeuvre afin de permettre aux jeunes de se resocialiser et de développer un projet de vie tout au long de leur parcours d’insertion.

Par ailleurs, avec l’arrivée du service civique nous assistons à une nouvelle ère de l’insertion en direction de la jeunesse. L’objectif de cette mesure mise en place par le gouvernement est d’encourager les jeunes à vivre une expérience formatrice et valorisante tout en s’investissant dans une mission d’intérêt général et en donnant de leur temps à la collectivité. Ces jeunes en activité pendant une période allant jusqu’à 12 mois perçoivent une rémunération forfaitaire de l’Etat.

Les politiques d’insertion en direction des adultes non intégrés ont évolué dans le temps. Une panoplie de dispositifs et de mesures diverses ont vu le jour sous différentes appellations. Nous avons les mesures pour l’emploi et l’insertion par les stages d’immersion ou de formation qualifiante ou non, la mise en place des différents types de contrats aidés (C.U.I-C.A.E du secteur marchand ou non marchand) qui permettent aux inactifs d’être mis en activité au sein d’une collectivité, d’une association ou d’entreprises privées tout en bénéficiant d’un accompagnement social et/ou de formation professionnelle. Bien évidemment ces contrats sont pour une durée nécessairement limitée allant jusqu’à 12 mois.

Toutes ces mesures ont pour objectif principal l’intégration sociale et professionnelle des personnes éloignées du monde du travail, couplée d’un accompagnement dans la globalité.

Des nouvelles initiatives

Du Revenu minimum d’insertion (R.M.I) au Revenu de solidarité active (R.S.A)

En 1988 le gouvernement vote la mise en place du R.M.I afin de faire face à des situations d’exclusion des chômeurs de longues durées. Ce revenu s’adresse aux personnes âgées de 25 ans et plus. Cette loi permettait aux bénéficiaires dans un premier temps de bénéficier d’un revenu de subsistance et des droits sociaux (couverture sociale et aides sociales) et dans un deuxième temps de se réinsérer dans la vie active par le biais du volet insertion en signant un ‘’contrat d’insertion’’ afin de maintenir le droit au R.M.I. Avec la mise en place du RSA dans les départements d’outremer au 1er janvier 2011, nous assistons à un changement du droit social des personnes. L’objectif principal de cette mesure est de lutter contre la pauvreté bien évidement, de favoriser l’accès et le retour à l’emploi et simplifier le mode d’accompagnement mis en place auparavant. Ce revenu s’adresse aux personnes âgées de 25 ans qui sont inactives, aux femmes âgées de moins de 25 ans avec un enfant à charge et aussi aux personnes qui sont en activité professionnelle partiellement.

Sur un autre point des mesures existantes, les structures conventionnées I.A.E. (insertion par l’activité économique) jouent un rôle majeur dans l’insertion des jeunes et des adultes. Créées il y a 30 ans, les Entreprises d’insertion et les entreprises de travail temporaire d’insertion sont aujourd’hui un modèle économique fort au regard de la crise économique existante. L’objectif principal de ces structures porteuses d’un projet économique et d’un projet social est l’insertion sociale et professionnelle des salariés qu’elles emploient pendant une durée limitée. Les entreprises I.A.E servent de tremplin pour les salariés et les accompagnent dans la réalisation de leur projet (social et professionnel).

L’insertion des séniors un défi à relever
La population des plus de 50 ans représente 18.8 % d’inactifs sur le territoire. La loi du 21 mai 2009 a fixé une nouvelle étape dans l’évolution de la législation relative à l’emploi des seniors. Elle développe deux objectifs : le maintien dans l’emploi pour les seniors de plus de 55 ans et le retour à l’emploi pour les seniors de plus de 50 ans.
La question de l’âge des aînés permet d’élargir les perspectives d’intégration de compétences. A travers leurs parcours de vie professionnel, les seniors sont un gisement d’expériences pour les jeunes diplômés et constituent une richesse pour le monde du travail. En renonçant aux compétences et à l’expérience des seniors, les territoires et les entreprises se privent d’un atout décisif. La gestion des âges au travail est donc une condition de la prospérité économique. Plusieurs dispositions sont prévues parmi lesquelles une pénalité fixée à 1% des rémunérations, à compter du 1er janvier 2010, pour les entreprises et les établissements publics employant au moins 50 salariés qui ne seront pas couvertes par un accord ou un plan d’action relatif à l’emploi des salariés âgés. Cet accord conclu pour une durée maximale de 3 ans doit comporter des dispositions favorables au maintien dans l’emploi et au recrutement des salariés âgés, avec un objectif chiffré, et des modalités de suivi de la mise en oeuvre de ces dispositions. Cependant, rares sont les entreprises qui respectent cette loi sous peine de pénalité.
Aujourd’hui, pour augmenter la proportion des seniors en emploi, il est nécessaire de lutter contre les facteurs qui les excluent, favoriser leur maintien ou leur retour à l’emploi, et de lutter contre les préjugés. Etat, Région et partenaires sociaux sont mobilisés à travers différentes mesures visant la promotion du travail des seniors, leur accès à la formation, une meilleure préparation des deuxièmes parties de carrière dès 45 ans et la prévention de la pénibilité du travail.
Avec les nouvelles mesures d’insertion mises en place, les séniors peuvent bénéficier d’un contrat aidé couplé d’un accompagnement social et professionnel.

Le Pôle Emploi à travers ses différentes mesures renforce celles existantes sur le terrain. Notons que les entreprises d’insertion permettent à bon nombre de ces personnes de bénéficier pour une durée limitée d’un contrat d’insertion en parallèle d’un accompagnement.

Avec la nouvelle réforme du Revenu de solidarité active, les séniors pourront profiter du tremplin de l’insertion pour rebondir sur un projet de vie et une intégration dans la cité.

Aujourd’hui, avec les difficultés liées au marché de l’emploi très fermé et à la montée de la précarité, la mise en place de toutes ces mesures a permis aux acteurs de l’insertion de venir en aide aux personnes en grande difficulté en leur évitant d’être en marge de la société.

Les professionnels ont joué un rôle majeur en mutualisant des moyens matériels, financiers et moraux pour les plus fragilisés. Par ailleurs, nous ne pouvons qu’applaudir les efforts développés en 10 ans sur le territoire car ces actions ont pour certains évité des crises ou drames familiaux et pour d’autres permis aux intéressés de reprendre confiance en soi et en la société.