L’information est plus que jamais un enjeu crucial dans notre société. Au moment où Internet permet de faire exploser les règles de confidentialité de la diplomatie en publiant ce qui relevait jusque là du secret d’Etat, à notre modeste échelon, petite île nous ne saurions négliger ce domaine crucial de la responsabilité politique.

Notre concitoyen le moins attentif aux questions économiques et sociales sait pourtant que la crise n’a pas épargné la Guadeloupe. Il sait que les collectivités territoriales sont durement frappées. Et

il se souvient du mouvement social du premier trimestre 2009, encore bien présent dans toutes les mémoires.

Ce n’est faire injure à personne, si dans une autocritique collective, nous faisons le constat que les difficultés relationnelles des partenaires sociaux, aujourd’hui, sont en partie le résultat d’une insuffisance dans la gestion et la circulation de l’information. Si celle-ci avait été mieux partagée, sans doute les interlocuteurs se seraient-ils mieux compris, et plus vite. Et peut-être aurions-nous évité des conséquences préjudiciables des quiproquos et des incompréhensions qui se sont révélées, avant, pendant et même après la fin, ou la suspension du conflit.

ESPRIT CRITIQUE

Ce ne sont peut-être pas tant les conflits collectifs, sociaux, politiques, qui ont porté préjudice à la Guadeloupe, mais plutôt notre incapacité à les gérer, à en sortir, aussi rapidement que possible, par le consensus et par le haut. Et ce n’est pas tant l’échec apparent d’une négociation qui est néfaste à long terme, que notre incapacité à tirer des enseignements profitables de nos échecs collectifs momentanés et de nos carences passagères.

C’ e s t le constat d’une insuffisance dans la circulation d’une réflexion de qualité, qui puis se être suffisamment vulgarisée pour éclairer les difficultés de notre pays et les moyens d’y pallier, qui a guidé le projet de réaliser cette revue.

REGARDS CROISÉS

Parce que nous confessons volontiers qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Dans le monde d’aujourd’hui, cela vaut autant pour l’élu que pour le citoyen ou l’agent économique.

C’est donc la volonté d’offrir une tribune à ceux qui gardent les yeux ouverts, qui veulent décrire la réalité sans fard ni filtre coloré.

Parce que si la vérité est réputée unique, elle est parfois composite et la vision dépend souvent du lieu où se trouve celui qui observe. Notre credo est aussi que la diversité des observateurs enrichit l’image finale. Si la palette de couleur de tous les peintres est identique, les musées prouvent que la variété des tableaux qu’elle permet de composer est infinie. Pour les élus, gouverner, c’est prévoir.

Pour le citoyen, savoir, c’est pouvoir. Nous tentons de l’aider à s’en emparer.